Si la Lune m’était contée 12: Méthode agile

Si vous avez raté l’extrait précédent

Pour tout relire depuis le début

Le week-end venu, Daphné s’efforce de prendre un moment pour elle afin de réfléchir à tous ces nouveaux horizons. Elle retourne lire son croquinote et peu à peu, l’envie lui prend de tourner la page et d’en commencer une nouvelle titrant : « Objectif : Etre une chef d’équipe zen ». tout en écrivant ce titre, elle se dit qu’elle n’est pas bien sûre que son objectif soit vraiment ça… Et donc rajoute : « ou autre chose ??? ». Puis, elle fait une colonne listant les difficultés, une autre listant les solutions possibles. S’arrêtant pour se relire, une association s’opère encore : une to-do list ! En pleine opération de classification… La phase dynamique a commencé ! ! ! Dans un grand sourire intérieur, elle retourne lire ses notes… armée d’un calendrier !

C’est donc le moment idéal pour élaborer son plan d’actions… et pour faire des apprentissages ! Très bien, donc début du MOOC dès ce soir… Et effectivement, Daphné sent bien que ses tâches sont aisées, qu’elles ne lui demandent aucun effort. Le flyer est toujours là, attendant une décision… Vérifiant quand tombe cette formation, Daphné se rend compte qu’elle se situera en plein milieu de sa phase dite sociale, celle où les relations sont supposées plus faciles… Peut-être après tout, arrivera-t-elle à aller rencontrer des inconnus sans trop angoisser… Ca vaut le coup d’essayer, se dit-elle ! Forte de cette promesse, elle se décide à s’inscrire, avant de lancer le MOOC.

C’est la première fois qu’elle suit une formation en ligne et à distance ; à bien y réfléchir, c’est même la première fois qu’elle suit une formation non-professionnelle depuis la fin de ses études. La sensation en est assez grisante…

Le contenu du MOOC, lui, est dépaysant. Les méthodes agiles qu’il présente renversent totalement la façon dont Daphné a toujours travaillé, et tout ce qu’elle connaît. Ce MOOC ne se cache pas d’ailleurs de renverser le paradigme hiérarchique : plus de pyramide de donneurs d’ordres et de gendarmes. Cela plait plutôt à Daphné. Elle ne s’est jamais sentie à l‘aise avec cette succession de grands chefs/chefs/petits chefs/sous chefs, quelle qu’ait pu être sa place à l’intérieur. Et dorénavant, elle a aussi découvert que monter dans cette hiérarchie ne lui a pas apporté de mieux-être durable, tout le contraire. Jouer le chef ne lui convient pas, elle préssent que cela va à l’encontre de ses valeurs.

En même temps, changer l’effraie, elle a du mal à imaginer comment faire autrement et peut-être plus encore, à s’en imaginer capable. C’est dans pleine d’expectative qu’elle poursuit sa découverte. Daphné a toujours travaillé à partir d’un contrat très clair et dans le cadre de procédures et de répartition de travail stricte, à défaut d’être toujours claire. Combien de fois s’est-elle retrouvée en position difficile pare que Jeff n’avait pas fini la mise en page alors que Christine l’attendait pour l’optimiser… Mais comment faire quand il n’y a que la date de rendu final qui a été fixé ?

L’approche agile met les échanges entre personnes au centre, plus importantes que le respect des processus et du contrat initial. D’ailleurs, le contrat est supposé être perpétuellement renégocié lors de discussions très régulières avec le client et la définition du produit peut même changer en cours de route, tout l’équipe peut participer de cette adaptabilité, donner ses idées1. Daphné voit un horizon grisant s’ouvrir : des réunions d’équipe où chacun des quatre membres donnerait ses contraintes, ses blocages mais aussi ses idées brillantes pour améliorer le livre et leur façon de travailler… Une régulation qui se ferait collectivement au lieu de retomber sur ses épaules, et surtout moins de stress, de non-dit et de blâmes… Cela lui semble totalement utopique mais après tout, cela fonctionne pour d’autres…

Elle retient particulièrement une métaphore qui compare la réalisation d’un produit en suivant un contrat et un processus définis à l’avance à un voyage en voiture dont on aurait planifié la moindre étape, la moindre pause. Et qu’il importe de tenir exactement ! Personne ne le ferait… Pourtant, c’est bien ainsi qu’ils travaillent actuellement : le client et le patron fixent plus ou moins le cahier des charges et le processus de fabrication, à charge pour son équipe de s’y tenir dans les moindres détails… L’artificialité de la posture lui saute soudain aux yeux… L’effet tunnel, c’est-à-dire, le long temps de préparation du livre sans aucun retour ni recul ni flexibilité, lui semble soudain être une des causes de son manque d’enthousiasme : souvent, une fois le livre fini, il ne correspond pas à ce qu’elle aurait voulu, ni d’ailleurs à ce que les autres auraient voulu, et tout le monde a l’impression de perdre son temps ou au moins de gaspiller son énergie.

Voir ainsi exposées et éclaircies ses regrets professionnels permet à Daphné de se sentir mieux : en fait, ils n’ont rien d’extraordinaire ni de honteux, elle en arrive même à se dire qu’ils sont la conséquence logique de leur mode de travail. Et c’est donc avec enthousiasme et curiosité qu’elle se lance dans la découverte des différents outils des méthodes agiles, notamment la méthode SCRUM. Rien que le nom la fait rire ! Cela devient une blague à la maison après le repas : « Je vais scrumer » dit-elle, à l’heure où avant, elle allumait la télé.

Julien et les enfants accueillent cette nouvelle activité avec une surprise teintée de scepticisme mais Daphné est fière de leur dire « il n’y a pas d’âge pour apprendre ! » et cela redore un peu son image d’elle-même. Elle voit ainsi approcher la formation sur la communication beaucoup plus sereinement et elle se dit que les hormones ne sont peut-être pas seules en cause… En outre, plus elle avance dans le MOOC et plus grandit son besoin d’améliorer sa façon de communiquer, de se faire comprendre et respecter. Les méthode agiles reposent sur la capacité des membres à échanger, à se comprendre et à avancer ensemble en tenant compte des avis de chacun… Or, elle sait souvent dit qu’elle ne savait pas faire respecter son propre avis, sans parler d’en concilier 3 autres… Une petite voix coquine lui chuchote d’ailleurs que cette compétence sera aussi bien utile dans sa vie de famille… Après tout, les conflits sont légion et Daphné se sent toujours désemparée face à eux, tout en détestant se sentir ainsi…

1Pour plus d’informations, voir https://agiliste.fr/introduction-methodes-agiles/ et beaucoup d’autres sites !

Une réflexion sur “Si la Lune m’était contée 12: Méthode agile

Laisser un commentaire